Dans le surréalisme, le miroir n'a pas pour but de renforcer notre hypothèse sur la nature de la réalité (et de sa reproductibilité), mais de rendre la réalité étrange, de la rendre accessible aux forces du rêve, de l'irrationnel et de l'inconscient." Elle appelle ce qu'elle désigne comme des « reflets » non pas l'étape du miroir de Lacan, mais une interface entre le réel et le non-réel, l'interne et l'externe, agissant comme un médium pour la réflexion. Les artistes surréalistes ont créé de nombreuses œuvres présentant des miroirs, et dans le film "Le Sang d'un poète" de Jean Cocteau, le poète pénètre dans les abysses de l'inconscient à travers le miroir. Les artistes surréalistes femmes ont également produit de nombreuses représentations « miroir » correspondantes."
Dans le développement de la peinture, Jacques Lacan soutient que le "miroir" est la première étape de la formation du moi, pouvant être considérée comme une forme d'identification. Lorsque le sujet se reconnaît à travers le miroir, il réalise en fait son existence par le biais de l'"Autre". La fonction du stade du miroir est un cas particulier de la fonction symbolique. Son rôle est d'établir la relation entre le corps et sa réalité, ou comme on le dit souvent, entre le monde intérieur (Innenwelt) et le monde extérieur (Umwelt). Entre le moi et l'Autre, une relation de miroir narcissique ou imaginaire se forme, exigeant l'équivalence et la validation. En l'absence de cela, des mécanismes de défense et d'agression peuvent se déclencher, niant l'Autre pour affirmer le moi.
Le moi que l'on découvre à travers le miroir n'est pas la réalité, mais une illusion miroir. La transition du stade du miroir à la phase symbolique implique souvent la confrontation avec le complexe d'Œdipe. Selon Lacan, la première étape de la formation du moi chez l'homme est de se baser sur le miroir, et elle est généralement complétée avant l'âge d'un an. Contrairement à la notion freudienne d'identification par le complexe d'Œdipe, qui est un processus plus tardif. À partir du stade du miroir, l'individu est constamment à la recherche de ce qu'il perçoit comme son propre moi, poursuivant ce processus d'identification tout au long de sa vie. Ce processus permet au "moi" de se former et de se transformer en permanence. Lacan soutient que le moi humain est construit sur une base illusoire, et cette structure de l'identification illusoire domine la cognition humaine, réduisant en quelque sorte la connaissance à une illusion. Lacan considère que cette théorie du miroir exprime une vision de l'univers psychique humain qui est discrète et pessimiste. La théorie du miroir de Lacan est souvent utilisée par les théoriciens du cinéma pour expliquer comment les films sollicitent les tendances narcissiques du spectateur et la dépendance de ce dernier à l'égard de l'image. Les critiques de films féministes qui suivent Lacan utilisent souvent sa théorie du stade du miroir pour critiquer la manière dont les dispositifs cinématographiques tentent de piéger les spectateurs dans l'imaginaire du stade du miroir.
GUliguo, en revanche, choisit d'adopter l'ordre symbolique décrit par Lacan. Dans ce système, les femmes peuvent se sentir comblées si elles peuvent posséder l'amour. Elle estime que les femmes répriment ainsi leur propre genre et idolâtrent l'autre sexe, ce qui leur permet de ressentir la jouissance et l'amour. De l'œuvre de GUliguo, il semble que la "l'autre" puisse offrir aux femmes la possibilité de s'éloigner des normes et des valeurs imposées par la culture dominante, une culture qui pèse lourdement sur les femmes. Ainsi, bien que les femmes puissent occuper une position marginale, elles ne sont certainement pas simplement "opprimées", l'"autre" offre en réalité une voie pour une ouverture, la pluralité, le changement et la différence.
Freud, dans son essai "Le caractère féminin", évoque les caractéristiques bisexuelles qui, comme nous le croyons, sont présentes dans la nature humaine dès la naissance, mais qui sont plus prononcées chez les femmes que chez les hommes. Carl Jung, de son côté, a abordé les éléments constitutifs de l'inconscient de l'homme, notamment l'anima (l'âme) présente dans l'inconscient masculin et l'animus (l'âme masculine) présente dans l'inconscient féminin. Dans son ouvrage "Aïon", il décrit l'anima comme représentant l'amour éros (émotion ou amour) chez les hommes, tandis que l'animus est vu comme représentant la raison logique logos (raison ou logique) chez les femmes. Il considère que la conscience des femmes est davantage caractérisée par la nature unificatrice de l'éros plutôt que par la capacité de discrimination et de cognition liée au logos. Il suggère que la présence du logos chez les femmes est regrettable car elles manquent de rigueur conceptuelle, de sorte que le logos est utilisé pour exprimer des opinions plutôt que pour la réflexion. Il affirme également que pour les femmes, il s'agit d'une question de pouvoir, qu'il s'agisse du pouvoir de la prétendue vérité, de la justice ou de toute autre forme de souveraineté. Le "père" (l'ensemble des points de vue traditionnels) joue toujours un rôle crucial dans les débats féminins. Quelle que soit la bienveillance et la sympathie de l'éros d'une femme, une fois qu'elle est dominée par l'animus, aucune logique ne peut l'ébranler. Jung semble supposer que les hommes et les femmes ont des natures immuables, mais jouent simplement des rôles prédéfinis.
Pendant l'enfance, il n'y a pas de différence significative entre les individus, mais la conscience de genre est souvent construite en fonction des attentes sociales, entraînant des différenciations entre les sexes, telles que la suprématie masculine, la domination masculine et la supériorité masculine, ancrées profondément dans la structure sociale. Jung penche en faveur de l'égalité entre les sexes et considère les individus comme des "êtres humains" plutôt que comme des hommes ou des femmes. Dans les œuvres de GUliguo, les hommes sont délibérément ignorés, voire rarement présents dans ses peintures, et les femmes dominent, dénotant une certaine résistance aux normes traditionnelles. En analysant selon les composantes des archétypes jungiens, GUliguo semble avoir un fort penchant animus, comme en témoigne la présence d'une énergie masculine dans ses représentations féminines.
Les œuvres de GUliguo reflètent profondément son soutien à l'ordre symbolique décrit par Lacan, en particulier en ce qui concerne les questions de la femme et de l'amour. Dans ce système, la femme est considérée comme capable d'atteindre le bonheur en ayant de l'amour. Cette perspective suggère que les femmes, en rabaissant leur propre genre et en adorant les hommes, trouvent une échappatoire à travers l'amour pour les hommes et les enfants, trouvant ainsi une source de plaisir et d'amour. Cette vision remet en question les rôles de genre traditionnels en mettant en avant l'idée que les femmes ne devraient pas être définies et limitées uniquement par leur sexe.
Dans les œuvres d'art de GUliguo, le concept de l'"Autre" est essentiel. Cette perspective suggère que les femmes en tant qu'"Autres" ont la capacité de se retirer en marge et de critiquer la culture dominante et le patriarcat. Elles remettent en question les valeurs, les normes et les standards de comportement imposés aux femmes par la culture dominante, cherchant ainsi à obtenir davantage de liberté et d'égalité. Bien que les femmes soient en position périphérique dans la société, les œuvres de GUliguo mettent en avant l'importance de l'"Autre" en tant que moyen d'accueillir l'ouverture, la diversité, le changement et la différence.
Dans l'ensemble, les œuvres de GUliguo nous offrent un point de vue réfléchi, basé sur l'ordre symbolique, explorant les relations complexes entre le genre, l'amour et les rôles sociaux. Ses œuvres nous encouragent à réexaminer les conceptions traditionnelles du genre et à remettre en question les attentes de la culture dominante à l'égard des femmes, dans le but de promouvoir une société plus égalitaire et inclusive.